Le mistral persistant, responsable des grands incendies du week-end à Saint-Cannat et Port-de-Bouc, semblait une fois de plus entraîner l'annulation de cette sortie. Fort heureusement, à l'est de Sicié, un fort vent d'est se levait aussi, et nous avons pu profiter d'une belle zone de calme entre Sicié et le golfe de Marseille. Toute la sortie s'est donc déroulée dans des conditions de mer parfaites, avec une excellente visibilité mais d'étranges phénomènes optiques au large, une sorte de mirage qui donnait l'impression d'une barrière verticale quelques mètres au-dessus de la surface, bien avant l'horizon. A l'ouest, la bande de fumée provenant des incendies s'étendait loin au large. Malgré ces excellentes conditions, la diversité rencontrée fut relativement faibles : de nombreuses bandes de Dauphins bleu-et-blanc, assez peu démonstratifs, et 5 à 8 Rorquals communs, les trois derniers rencontrés sur le retour étant probablement ceux avec qui nous avions passé une bonne partie de la matinée. 

Les groupes de Dauphins bleu-et-blanc, de 10 à 50 individus environ pour un total estimé de 150 à 200 dauphins, comprenaient de nombreux nouveaux-nés, encore maladroits dans leur manière de respirer en surface. En présence de ces très jeunes individus, l'équipe de Découverte du Vivant ne cherche pas le contact pour ne pas perturber les mères, qui veillent avant tout à la sécurité de leur progéniture. La plupart des groupes se étaient donc indifférents à la présence du bateau, en déplacement lent aux côtés du navire. Ce n'est que le soir que les derniers groupes rencontrés se sont montrés plus joueurs, rejoignant la Croix du Sud V par de grands bonds. Loin sur l'arrière, un Stenella a enchaîné des sauts à plusieurs mètres de hauteur ! D'autres sont venus surfer et sauter dans la vague de sillage, assez loin de la poupe cependant. 

Les Rorquals évoluaient en sous-groupes dispersés : un premier individu, puis trois ensemble, et un autre beaucoup plus loin, les quatre premiers vraisemblablement en alimentation. Le groupe de trois nous a fait une belle frayeur, se trouvant directement sur la route du ferry Jean Nicolini de la Corsica Linea. Le grand navire rouge est resté sourd à nos appels à la VHF, et la collision n'a pas eu lieu, mais on conçoit les dangers que courent les baleines dans ce secteur au sud de Sicié, qui semble très attractif pour elle depuis le début de la saison. Autre particularité, un des Rorquals sondait en levant majestueusement la queue, façon grande baleine bleue. Le matin, nous n'avions pas pu en profiter : dans le respect du code de bonne conduite, nous l'avions laissée à un autre zodiac de whale-watching, parti de Sanary également, tandis que nous restions sur le groupe de trois, et que l'Atlantide, de Bandol, était parti prospecter plus à l'est. Ces whale-watchers jouent le jeu, et s'efforcent de ne pas se succéder sur les mêmes animaux, au moins pour les espèces les plus facilement rencontrées. Mais quand même, rater un Rorqual commun qui lève la queue, ce qui est rare au moins dans la population méditerranéenne, c'était râlant. Quelle bonne surprise donc de le retrouver par hasard sur notre route  en rentrant au port, juste devant le bateau et à contre-jour dans une lumière superbe. Sa plongée a durée 14 minutes, est-ce par ce qu'il partait chercher le krill à de grandes profondeurs qu'il levait la queue si clairement hors de l'eau ? Un spectacle magnifique en tous cas, aussi élégant que celui offert par un Rorqual bleu ou une Baleine à bosse. On notera que le bord de fuite de la caudale était profondément découpé (morsures de prédateurs ?), et que le corps était couvert de nombreuses Penella...

Frank, Sébastien, Pierre, Thomas Roger et Xavier Ruffray.