Mercredi 30 août : les opérateurs de whale-watching labellisés Seafari adventures et Découverte du Vivant nous signalent un jeune dauphin vivant tournant en rond dans le port du Brusc, Six-Fours (83). Une intervention est programmée pour l’après-midi avec les pompiers du SDIS-83,  et deux membres du RNE et du GECEM, Anne-Laure Minardi et Jérôme Lombard. A leur arrivée, pas de pompier : un plongeur local les a décommandé, estimant que le dauphin allait bien… Le dauphin paraissant vif, en bonne santé apparente et libre de toute entrave, il est décidé d’essayer de le guider vers la sortie avec l’aide de deux bateaux de la capitainerie et du club de voile, sans succès. L’animal restait par ailleurs à distance d’une personne tentant une approche dans l’eau, et par la suite, la police municipale a formellement interdit la mise à l’eau. Après trois heures de vaines tentatives, on décide de laisser le dauphin tranquille, et de revoir le problème le lendemain. Les Dauphins bleu-et-blanc sont très sujets au stress, et de nombreuses interventions musclées se sont soldées par des arrêts cardiaques.

Le lendemain, aucune trace du dauphin dans le port, ni alentour, et la mer est calme. La capitainerie fait plusieurs fois le tour du port et celui de l’îlot du Gaou, où un prétendu échouage a été signalé dans la nuit. Rien à signaler.

Vendredi 1 septembre : La capitainerie du port contacte Anne-Laure car le dauphin est de retour avec un leurre de pêche entortillé autour du rostre et dans la cavité buccale. Une intervention avec les pompiers est planifiée pour 14h, qui s’annonce facile puisque le dauphin se cantonne maintenant à la cale de mise à l’eau, dans moins d’un mètre d’eau. Malheureusement, quelques heures avant l’intervention, des habitués du port, trouvant que les choses ne vont pas assez vite, sautent dans l’eau, capturent le dauphin à bras le corps, le hissent sur le quai, enlèvent avec un vétérinaire local l’appât de pêche qui n’a provoqué aucune lésion, le transvasent sur un semi-rigide et partent le relâcher à seulement quelques centaines de mètres du bord, par mer calme. Une initiative pleine de compassion, mais qui saborde l’intervention concertée du RNE et des pompiers. Pour rappel, la manipulation, capture et transport d’espèces protégées sans aucune autorisation sont tout à fait répréhensibles. 

Par chance, malgré les multiples erreurs des sauveteurs improvisés, visibles sur une vidéo postée par les intervenants eux-mêmes (comme d’arroser consciencieusement l’évent, ce qui risque de provoquer une fausse route), le dauphin n’a pas fait de crise cardiaque, mais le succès n’est que très relatif : le lendemain, samedi 2 septembre : un dauphin de même taille et même comportement se trouve dans le port de la Ciotat (13), distant de moins de 15 km du port du Brusc. Il s’agit très vraisemblablement du même individu. Cette fois-ci, le relais est pris par Mathieu Imbert (PN Calanques) et ses collègues. Le dauphin est vif, non blessé, mais ne se laisse plus approcher à moins d’un mètre par les plongeurs. Contrairement au port du Brusc, celui de la Ciotat est en eau profonde, d’autant que le dauphin part se réfugier dans les bassins du chantier naval. La mer est forte à l’extérieur, et il est décidé de laisser le dauphin dans le port jusqu’à nouvel ordre. Il en est de même le lendemain dimanche 3 septembre. Pour la troisième fois d’ailleurs, les pompiers décommandent leur intervention en soutien, cette fois-ci pour faire face aux nombreux feux de forêts que des pyromanes ont allumés. Les nombreux badauds sont canalisés par des membres de Sea Shepherd et de la SPA de Marseille-Provence. La mer se calme dans la nuit, et le lundi 4, Thierry Houard (PN Calanques) ne retrouve pas de trace du dauphin, ni dans le port ni dans la rade, et on peut penser que ce jeune Stenella est ressorti tout seul et a regagné le large.

Nous rappelons que les membres RNE sont des bénévoles formés, prenant sur leur temps de travail/congés pour les interventions, et qu’ils sont les seuls habilités à gérer les échouages. C'est l'occasion de remercier une nouvelle fois tous ceux qui se sont investis sur le terrain : Anne-Laure Minardi et Jérôme Lombard, Matthieu Imbert et les agents du Parc national des Calanques qui se sont investis durant le week-end. Merci aussi aux capitaineries, police municipale, pompiers, SPA qui ont limité les dérapages du public, et aux associations qui ont relayé les infos. S’il y a une leçon que nous pouvons retenir de ces annulations et déconvenues multiples, c'est que le public est vraiment imprévisible, et peut faire capoter une opération bien engagée. Une surveillance réelle permanente par la Police municipale serait donc largement justifiée si cela se reproduisait, au vu des risques que prennent les gens à vouloir sauter, nager avec, s'approcher ou porter secours au dauphin. Pour les personnes se retrouvant un jour face à un animal en difficulté, votre seul réflexe doit être de contacter les pompiers qui transmettront l'information au RNE.

Frank Dhermain & Anne-Laure Minardi