Mardi 10 juin:

Après un briefing de Julie sur les objectifs de la mission, nous partons de Port-Saint-Louis-du-Rhône en milieu de matinée sous un soleil et une chaleur de plomb. L’équipage est composé des deux Julie, Julien, Isabelle, Hélène et Marie. La mer est calme, nous faisons route vers l’ouest le long de la Camargue. Nous observons des puffins et des sternes mais pas d’aileron à l’horizon. Le vent se lève et nous mettons les voiles en direction du large. Hélène repère des splashes à l’arrière du bateau, c’est un espadon qui saute entièrement de l’eau et totalement à la verticale ! Surprenant ! Nous croisons ensuite la route de 6 ou 7 poissons lunes. La journée se « termine » par quelques essais de tir à l’arbalète sur une bouteille et c’est déjà l’heure de l’apéro. Julien repère un souffle à l’horizon, nous nous approchons. Il s’agit de deux rorquals communs ! L’un deux s’approche à quelques mètres du bateau, et ses 18-20 mètres de long défilent juste devant nous! C’est très impressionnant ! L’observation, au coucher du soleil puis au clair de lune est magique. La nuit tombe, nous ne les voyons plus, mais ils sont toujours là. La succession de souffles nous indique qu’ils ne sont pas deux mais trois autour du bateau. Nous dégustons le risotto de Julie entourés de baleines que l’on entend mais que l’on ne voit pas. C’est maintenant parti pour les quarts de nuit, nous allons passer la nuit en mer.

Marie Louis.

Mercredi 11 juin:

La journée de mercredi commence donc mardi soir à 23 heures… Je prends le premier quart avec Hélène, sous les étoiles et dans le silence de la mer. Il n’y a pas un souffle de vent et les trois rorquals continuent de faire entendre le leur un long moment. Quelques milliers d’étoiles blanches scintillent dans le ciel et quelques feux jaunes rouges et verts nous indiquent la présence lointaine des tankers et autres porte containers qui croisent alentour.

La grand-voile est hissée et nous avançons (très) lentement. Si lentement que le pilote automatique ne parvient pas à diriger notre bateau quasiment immobile et lance des « bip bip » furieux, vexé de ne pas pouvoir accomplir correctement sa tâche. Mais cela ne dure pas et le vent finit par se lever gentiment. Nous filons 3 nœuds dans la nuit. Julie notre skippeuse ne dort que d’un œil et jette quelques coup d’œil, de temps en temps.

Puis les quarts se succèdent toutes les heures et demi et aucun souci particulier ne viendra perturber cette navigation nocturne. A 7 heures, nous reprenons les observations, l’esprit légèrement embrumé par une nuit de sommeil plutôt courte. Le soleil très présent gratine nos peaux rougeoyantes dès l’aube, alors que quelques puffins cendrés matinaux croisent notre route.

Le vent tombe et c’est dans une pétole molle qu’Hélène repère un groupe de dauphins, très loin, à peut-être deux kilomètres du bateau. Nous filons plein gaz pour les rejoindre. C’est un groupe de Stenella, des dauphins bleu et blancs, environ une dizaine avec plusieurs jeunes. 

Deux jours, deux obs’. Nous tenons une bonne moyenne. Certains dauphins viennent à l’étrave, pour notre plus grand plaisir, les jeunes sautent hors de l’eau, et la mer particulièrement claire nous permet de les observer en transparence. Mais nous n’avançons pas vite et les dauphins bleu et blancs, qui aiment jouer dans les vagues laissées par les bateaux rapides ne semblent pas trouver de grand motif d’amusement. Nous les laissons finalement partir alors que les calanques marseillaises sont en vue.  La pause de midi permet à Hélène, Julie et Julie de se rafraichir dans la mer, agrippées à une cordelette rouge laissée à la traine, car nous continuons d’avancer. Isabelle, Marie et moi-même sommes trop épuisés, écrasés de soleil brulant, pour avoir le courage de nous jeter à l’eau.

L’après-midi sera assez calme, malgré le vent forcissant, et nous arrivons au port de Carry-le-Rouet vers 17 heures. Ce sera l’occasion de profiter des douches du port, après avoir bataillé un long moment avec le taud censé nous procurer un peu de protection contre le soleil. C’est finalement sous un bateau transformé en tente de camping géante que nous prenons un peu de repos bien mérité, après une navigation de 30 heures… Heureusement, sur le port de Carry, il y a des bistrots ! Bien sûr, nous n’y buvons que de l’eau…

Rorquals, Stenella… Je parie sur les Grands-Dauphins pour notre prochaine obs !

(ah ! Nouvel aménagement du fameux taud géant : plié en deux, il laisse passer un peu d’air… C’est mieux !)

Julien.

Jeudi 12 juin:

De bon matin, l’équipage a quitté le port de Carry-le-Rouet, bien décidé à rencontrer les Grands dauphins. Après le passage de la rade de Marseille, nous avons traversé le bel archipel du Riou, et longé les calanques. 

Soleil de plomb et mer d’huile, mais pas l’ombre d’un cétacé. Nous avons mis le cap plus au large et profité du calme pour hisser notre fanion d’Ambassadeur Pélagos. L’après-midi, le rase-canyon ne nous a permis que de croiser la route d’un poisson lune et une séance d’entraînement pour nos deux tireuses d’élite à l’arbalète a été organisée. Après quelques réglages, elles ont réussi à biopsier avec succès la bouteille en plastique. Dans l’après-midi nous nous sommes dirigés vers l’île des Embiez pour mouiller et passer la nuit. 

Bain général au milieu des posidonies et nettoyage de coque pour notre skippeuse surmotivée. Une chaude journée qui s’est clôturée au clair de lune et en musique : la déception d’être rentrés bredouilles s’est bien vite estompée en chansons autour de la guitare.

Isabelle.