Mission Grand Dauphin Hiver 2015 (mars) : Journal de bord 2
Journal de bord

Suite du récit de cette mission hivernale par le GECEM du 14 au 20 mars.
Mardi 17 mars 2015 :
Mardi matin… départ de Carry en direction de Marseille avec pour objectif de rallier ce soir le port du Frioul après un grand tour dans ce qui, il faut bien l’avouer, est la plus belle rade du monde.
Après la carence en gaz de la veille, nous sommes contraints de rejoindre en matinée le port de la pointe rouge afin de réaliser un ravitaillement aussi nécessaire qu’impératif puisque sans cela il sera impossible de faire cuire quoi que ce soit. Pis encore, sans gaz point de café. Du thé alors ? Nenni. Ainsi donc nous voilà vers 10h30 à la station-service du port alors que Julie J. et Noémie F. se lancent dans une expédition citadine à la recherche d’une bouteille de «camping gaz » salvatrice.
Alors que, une fois ravitaillés, nous nous apprêtons à quitter le quai, nous croisons « Is’ », un agent du parc des Calanques que Noémie connait bien et que je connais moins bien. Ceci a son importance et nous reverrons pourquoi par la suite (haha … suspense !).
Nous reprenons notre route par-delà l’archipel du Frioul avec le secret espoir de croiser la route du groupe de GD plusieurs fois signalé une semaine auparavant.
Arrivés au niveau de Pomègues, nous recevons un appel dudit « Is » qui nous dit en substance : « haha vous cherchez des dauphins, hé bien moi je les ai trouvés, ils sont entre le vieux port et l’estaque et font route vers Carry ». Ni une ni deux, nous mettons le cap vers Carry pour les intercepter, quant aux alentours de midi nous croisons un rorqual au même endroit qu’hier ! Un nouveau coup de fil nous informe que les dauphins sont toujours là, près de la côte, du côté de la tour CMA. Nous lâchons notre commun rorqual et mettons cap vers la côte. Il nous faudra une bonne demi-heure avant de les repérer, sur une mer pourtant étonnement calme et lisse.
Au final nous passons près de deux heures avec un groupe d’une vingtaine de Tursiops, alors que le vent s’est finalement levé. La luminosité est traître et la mer reflète la lumière blanche du plafond nuageux et contraste durement avec le dos sombre des dauphins, nous obligeant à des réglages « surex » sur nos appareils photo. Mais nous avons du temps, ils forment un groupe certes assez étalé mais leur allure est lente et nous permet de réaliser, malgré tout, nos photo-ID ainsi que deux biopsies. L’un des « biopsiés » a déjà été vu durant une sortie du mois de février. Ce groupe est-il dans la zone depuis un mois ? On verra. En tous cas, toutes mes cartes mémoire sont pleines et il est presque 15h quand nous les laissons finalement s’en aller. Evidemment nous sommes affamés et dévorons en quelques secondes les deux magnifiques quiches-tartes à la sauce tomate de ce repas de mi(après-mi)di. Il nous reste environ 3 heures de jour et nous choisissons de terminer cette journée par une prospection en direction du phare du Planier, qui sera d’ailleurs écourtée lorsque le vent montrera le bout de son nez froid et humide.
La soirée se passera donc au port du Frioul où force est de constater qu’il n’y a aucun pub d’ouvert un soir de Saint-Patrick, si c’est pas malheureux.
Julien
Mercredi 18 mars 2015 :
Mercredi matin… (le roi, sa femme et le GECEM sont allés chercher les dauphins, blabla…).
Après une vérification météo, GO pour le large ! Accueillis par un beau lever de soleil derrière les nuages, nous décidons de larguer les amarres prestement, après les explications précises de Julie la skippeuse « nous faisons pivoter le cul afin de réaliser un départ sur les pointes arrières » (je crois que nous avons saisie l’idée…). Cap plein Sud, pour les zones 14/15 et 16. Pascale discerne furtivement le premier Stenella, tout petit et tout seul. Deux autres groupes de Stenella furent observés dans l’après-midi (aux alentours des 13h puis 14h). Cette fois-ci plusieurs individus distingués en surfant dans les vagues, sans que de réel portrait aient pu être tirés. Au cours de cette journée ensoleillée, plusieurs autre espèces apparaissent : une tortue de bois (Merci Julie), 3 Mola mola et quelques « queue rouge » (l’équipage comprendra et vous traduirez par le Rougequeue).
En ce qui concerne la partie « sustentatoire », une magnifique tartiflette au gruyère CUITE avec un chili con Carne, fromage et traditionnelle mousse au chocolat. Un prélavage du plat a été effectué par Marie afin de ne laisser aucune zone de cramé pour l’éponge. Ce soir, chips maison, pomme de terre en plat de consistance avec des pommes de terre en accompagnement suivi d’un gâteau de pomme de terre (quelques kilos de patate à écouler…). La dure corvée épluchures pour Julie skippeuse/Marie et Pascale pendant que Julie (la pas skippeuse) a conditionné les biopsies dans des tubes d’alcool et les autres …. (…. ).
La nuit en pleine mer s’annonce étoilée mais très obscure et houleuse … Les quarts pour assurer la surveillance de nuit se préparent ainsi que le calage des corps pour ne pas choir des lits.
Questionnement du jour de Julie la toujours pas skippeuse : « Pourquoi la nature a gardé les Puffins Yelkouan qui sont tout petits avec des battement d’ailes épuisants alors qu’il y en a des plus gros qui planent… » ?
Noé (et un peu Ju)
Jeudi 19 mars 2015 :
C’est entourés d’une « auréole » de nuages, dixit Noé !, et sous une voûte étoilée que nous commençons la ronde des quarts. Les conditions pour passer cette traditionnelle nuit au large sont bonnes, le vent très faible. Seules la température et l’humidité ambiantes laissent à désirer mais nous nous en accommodons sans broncher.
Le sommeil tarde à venir pour certains alors que pour d’autres c’est le réveil à 3 heures du matin qui est plus difficile voire complètement déboussolant (« le quart ? quel quart ? Ah oui le quart ! J’arrive… » (Julien)). Un œil sur les bateaux à l’horizon et un œil sur le ciel, j’aperçois une gigantesque météorite déchirer l’atmosphère dans une trainée d’or avant de se scinder en morceaux et disparaître devant mon œil incrédule, l’autre étant toujours tranquillement posé sur l’horizon …
Aux premières lueurs, tout le monde est sur le pont. Requinqués d’un thé chaud et d’une tartine, les mines portant encore les stigmates du manque de sommeil, nous entreprenons de commencer la journée par quelques séries de salutations au soleil, guidés par Noémie ; salutations qui nous remettent quelques vertèbres en place ainsi que les yeux un peu plus en face des trous.
Dès le début de la prospection, première alerte « baleeeeeeeeeeeine !! ». Il est difficile de se contenir tant l’excitation est grande. Un souffle puis un dos sont aperçus au loin. Nous rejoignons le rorqual et restons quelques temps en sa compagnie avant de décider de continuer notre route. L’individu est régulier et assez « prévisible », remontant respirer après des sondes d’environ 5 minutes.
Une heure plus tard, deuxième alerte. Cette fois-ci ce sont des « thon-phins ! ». Des thons quoi.
Puis quelques minutes plus tard, troisième alerte : « dauphiiiiiiiiins ! ». Un groupe d’une quinzaine de Stenella semble se reposer en surface. Le groupe est compact, leur nage stationnaire. Un jeune curieux vient nous inspecter à l’étrave puis plusieurs individus se joignent à lui. La surface de l’eau est calme, ce qui nous permet de les voir clairement. Heureux de cette jolie rencontre nous ne sommes cependant pas au bout de nos surprises lorsqu’un rorqual, peut être le même que le précédent, traverse nonchalamment le groupe de dauphins, passe juste devant notre voilier et continue sa route sans changer de cap.
Après s’être remis de nos émotions, nous reprenons notre route sur une mer d’huile. Nous croisons ensuite un macareux, seul sur l’eau. Nous tentons une approche mais l’individu est farouche et plonge. Nous nous re-approchons, il re-plonge. Nous nous re-re-approchons mais il re-re-replonge. Bref, nous abandonnons. Pendant la préparation du déjeuner (couscous / curry de courgettes !) un deuxième macareux nous fait l’honneur de se laisser approcher. Celui-ci ne semble cependant pas totalement serein et tente de s’échapper en palmant frénétiquement tout en jetant de rapides coups d’œil dans notre direction. Quelques clichés et ronds dans l’eau plus tard (eh oui, le macareux est un proche parent du poisson-lune paraît-il, cf. journaux de bord précédents) nous décidons de le laisser en paix.
Après déjeuner l’heure est venue de mettre le cap sur le port de … Carry que nous affectionnons tout particulièrement depuis le début de la semaine ! La mer est encore plus calme que ce matin, la surface est incroyablement lisse et argentée ce qui ne laisse aucune chance à un aileron de passer inaperçu. Plusieurs petits passereaux viennent se reposer sur le bateau, nous voyons des rouge-gorges, une hirondelle, des queues-rouges. L’un d’entre eux vient même picorer quelques miettes au creux de la main de Julie la skippeuse. La journée se termine autour d’un bol bien garni de pâtes carbo et d’une salade d’oranges.
Julie