Vendredi 20 février 2015:

Pour moi la journée commence à 1 heure du matin lorsque je prends mon quart. Le ciel étoilé est un peu altéré par une vague brume diffuse qui nous cache la voie lactée. Quelques étoiles filantes ponctuent les 2 froides heures d’attente dans le voilier à la dérive. Il me faudra deux autres heures pour me réchauffer une fois couché. Rien à signaler pour la nuit, le site est peu fréquenté.

Nous redémarrons le moteur au lever du soleil, mettons le cap à l’est pour regagner le port des Embiez quitté quelques jours plus tôt et dès 9 heures nous avons notre première obs’ du jour avec un groupe de dauphins bleu et blancs repérés en arrière d’un chalutier. L’occasion de faire quelques images alors que le groupe nous ramène vers l’ouest. A la fin de l’obs nous nous retrouvons quasiment à notre point de départ…

Un peu plus tard, en avant du bateau, nous repérons deux rorquals, toujours au large de Fos. Nous restons un bon moment avec eux. D’abord assez loin, ils finissent par ressortir très près du bateau et nous offrent un spectacle impressionnant… nous ramenant à nouveau vers l’ouest, le chalutier du matin toujours à notre niveau.

Un peu plus tard c’est un poisson lune peu craintif qui se laisse photographier. D’habitude ces animaux assez craintifs s’enfuient en plongeant et en disparaissant sous le bateau, mais celui-ci tente de nous semer en tournant sur lui-même… Nous faisons de même et il lui faut un certain temps pour comprendre que sa méthode de fuite particulière quoiqu’innovante est peu efficace… Il finit par adopter la technique classique de la fuite vers le fond et nous repartons.

Deux obs’ dans la journée (+1 poisson-lune) c’est déjà beaucoup mais ce n’est pas terminé : au sud du planier un deuxième groupe de Stenella nous accompagne longuement, et sur la vingtaine d’individus, une dizaine se groupe sous l’étrave et nous observe alors que nous tentons de les filmer. Sacrée journée ! Et journée d’ailleurs bien avancée, nous savons désormais que nous atteindrons l’île de Embiez après la tombée de la nuit. Nonobstant ! Un dernier groupe (de 2…) Stenella apparait par génération spontanée sous l’étrave de Tapalque au large de Cassis puis disparaissent non moins spontanément.

Je passerai sous silence (ou pas) une autre observation palpitante de ce que l’un d’entre nous (je ne dirai pas son prénom qui commence par N et finit par O) identifie sur le coup comme « un rorqual qui dort » et qui se révèlera être un superbe tronc d’arbre… Errare humanum est comme on dit. Après avoir réalisé la quasi-totalité des obs’ de cette première semaine, il fallait bien qu’il se fourvoie une fois ! Ce soir nous sommes donc aux Embiez pour profiter d’une douche bien méritée dans les luxueux sanitaires du port et nous ne sommes pas peu fiers de pulvériser le record d’obs du GECEM avec 12 groupes observés en seulement 7 jours. Pourvu que ça dure !

Julien (ce qui ne commence pas par un N et ne finit pas par un O au contraire de NicO).

Samedi 21 Février 2015:

La dernière journée d’une partie de l’équipage s’annonce humide et agitée. Nous quittons le port des Embiez pour prendre la direction du port d’Hyères, avec un ciel chargé et un vent de sud d’une 20aine de nœuds. Aucune prospection ne peut être entreprise dans de telles conditions, d’autant plus que la mer est forte. Nous naviguons sous voile, tous armés de nos cirés pour se protéger des embruns qui viennent nous réveiller assez régulièrement. Quelques grains nous passent dessus, apportant sa pluie et son vent plus fort. Nous mettrons 4 heures pour gagner les calmes sous le vent de Porquerolles, où l’état de la mer nous permet de nous mettre en effort. Bon, ça n’aura été que de courte durée puisque un autre grain vient mettre un terme à nos derniers espoirs d’observations pour la journée. Du vent et de la grêle pour finir cette première semaine, qui s’achève comme elle a commencé !

Nous accostons finalement au port d’Hyères vers 16h, où la rotation d’équipage est effectuée. Max, Céline et Mélissa nous quittent et sont remplacés par Edwige, Isabelle et Jérémie. Petite introduction du bateau et du protocole aux nouveaux arrivants, et nous ne tarderons pas à gagner nos bannettes en espérant avoir autant de succès cette seconde semaine.

Nico

Dimanche 22 février 2015: 

Dès le réveil un constat s’impose : il y aura du vent aujourd‘hui… Les premières heures sont pourtant calmes et le soleil est bien présent. Nous traversons la rade d’Hyères vers l’est et la mer est à peine ridée. Mais plus nous avançons et plus la houle se fait forte, mettant à mal les estomacs nouvellement arrivés… Devant le Rayol de (très très) nombreuses chaines de salpes sont visibles en transparence dans l’eau claire.

#######CENSURE######La pause de midi se fait au cap Taillat en compagnie d’un naturiste (absence de maillot vérifiée aux jumelles) cul-nu se baissant de manière ostentatoire pour ramasser des trucs dans l’eau en exhibant son fessard à nos yeux horrifiés.#######CENSURE#######

Devant Pampelonne deux dauphins bleu et blancs sont aperçus furtivement. Nous parvenons à les rejoindre après les avoir perdus de vue, et ceux-ci viennent à l’étrave. Ils paraissent jeunes et se comportent de manière curieuse, respirant de manière inhabituelle, comme maladroite… Ces deux dauphins au comportement « furtif-étrave-furtif » nous rappellent les deux autres Stenella observés quelques jours plus tôt devant Cassis. D’autant plus étonnant qu’hier deux Stenella ont également été aperçus dans le port de la Seyne-sur-mer, comportement là encore inhabituel… Sont-ce les mêmes ? Les croiseront-nous à nouveau demain ? Approchant du golfe de Saint-Tropez le vent se lève finalement et nous devons stopper les observations. Nous mettons les voiles en direction de Mandelieu que nous pensons atteindre ce soir.

#####ECRIT PAR NICO#####En passant devant le cap Dramont Tapalque dépasse les 8 nœuds, mené de main de maître par Julien qui est vraiment bien meilleur marin que moi######ECRIT PAR NICO########

C’est à la nuit tombée que nous atteignons le port de la Napoule et ses douches grand luxe. Vivement lundi !

Julien