Ce matin comme hier le ciel est chargé de nuages gris qui interdisent au soleil de nous réchauffer alors que nous quittons le port de Saint-Raphaël. Un léger mieux toutefois puisque le pont est exempt d’humidité et que la brume semble avoir cédé la place à un plafond de nuages bas. La mer est bleu-gris, agitée par un petit vent de force 2 à 3. L’idée nous prend de réaliser une de ces magnifiques photos de vainqueurs si typiques de ces missions. Le contraste serait frappant entre nos visages au teint hâlés, ceux qui apparaissent sur les images des missions estivales, et les superpositions de pulls, écharpes, bonnets et autres barbes hirsutes qui tentent vainement de nous protéger du froid mordant.

 

Quelques mouettes rieuses et autres sternes caugek égaillent le trajet. Les grands cormorans arborent déjà leur plumage nuptial. En passant devant Antibes la mer change de teinte, et deux eaux se téléscopent suivant une ligne de démarcation nette sur laquelle des groupes de mouettes rieuses veillent tels des vigies aux aguets prêts à se jeter sur les innocents vertébrés écailleux. Mais de cétacé, point.

 

La houle déstabilise l’horizon et c’est dans la baie des Anges que nous nous laissons dériver lors d’une courte pause repas. Ce soir il faut rallier Menton. Nous nous remettons donc en route et croisons de vastes groupes de vélelles, et quelques poissons lune qui sautent sur l’occasion de réaliser un festin gélatineux à souhait.

En passant devant Monaco notre Capitaine hors-pair distance toute une kyrielle de voiliers en régate qui nous regardent passer, incrédules devant tant de célérité. Nous sommes si rapides qu’ils semblent immobiles. Ha ! Les amateurs. Il est vrai qu’il n’y a pas de vent et que nous sommes au moteur. Mais bon quand même.

C’est fatigués par nos longues séances d’observation que nous rejoignons finalement le joli port de Menton ou nous nous empressons de recharger nos accumulateurs de calories à l’aide de patates au fromage.