Mission Grand dauphin Eté 2014 - Journal de bord 1
23/09/2014
Journal de bord

Dans le cadre de la campagne d'été 2014 du projet GDEGeM, le GECEM a pris le large du 08 au 17 septembre 2014 à bord du voilier Cap Délices. Malgrès une météo difficile les trois derniers jours la mission aura été l'occasion de croiser deux groupes de Grands dauphins ainsi que quatre groupes de Dauphins bleu et blanc. Plus de détails dans le journal de bord des participants ...
Lundi 08 septembre 2014
L’équipage a pris possession du voilier Cap Délices, superbe Dufour 375 de 11.50m, la veille au soir. Sous la conduite de Julie Gerecht , skipper, et Julie Jourdan, chef de mission, Oriane, Maxime, Julien et Frank prennent la mer et quittent l’étroite calanque de Port-Miou, à Cassis, où est basée le navire. Mer belle, nous partons directement au large de Marseille, en bordure des fonds de 200 mètres, puis direction la Camargue. Quelques oiseaux de mer, quelques chasses de thons, et enfin à 14 h, à 18 milles au sud de Carry-le-rouet, la rencontre d’une énorme bande d’une centaine de Stenella. Très actifs et curieux, les dauphins se déplaçent rapidement à 7.5 nœuds vers le sud-est, multipliant les sauts en groupe compact. Ils viennent à l’étrave, certains sautent à la verticale pour mieux nous observer. Une dizaine de jeunes est présente dans ce groupe très démonstratif, qui nous a offert d’excellentes photos de sauts de groupe.
Une heure trois-quarts plus tard, à moins de 8 km à l’ouest du point précédent, nous voyons au loin un chalutier en action de pêche, et décidons d’aller voir si des Grands Dauphins ne sont pas derrière lui. Effectivement, le bateau attire de nombreuses Sternes caugeks et pierregarins, et à distance, une quinzaine de Tursiops, répartis en quelques sous-groupes, chassent les poissons dérangés par le chalut. Séance de photo-identification : un individu a la nageoire dorsale proprement sectionnée à la base, un autre est mutilé avec une cicatrice bourgeonnante bien reconnaissable. Au moins deux grands jeunes dans ce groupe, avec lequel nous passons 45 minutes. La mission commence bien.
Chercher les Grands Dauphins au cul des chalutiers introduit clairement un biais dans la méthode du transect de ligne, en augmentant fortement la probabilité de détection. Mais pour une espèce aussi peu abondante, le transect de ligne n’est pas la meilleure approche pour estimer la taille des populations. Nous allons travailler essentiellement par capture-recapture sur photo-identification, alors mieux vaut profiter de chaque opportunité de rencontre.
Nous reprenons la route vers le sud de la Camargue, en bordure de la zone d’étude, à 24 milles au sud de l’embouchure du Grand Rhône. A 18h, encore un petit groupe de 4-6 Grands Dauphins, juste devant le bateau. Nous sommes accueillis par de violents battements de queue, les dauphins sont clairement sur la défensive par rapport à notre intrusion. Petit à petit, au fil de la rencontre, ils finissent par se laisser approcher très correctement, et parfaitement photo-identifier.
Après cette belle journée de prospection, nous nous apprêtons à passer une nuit de quart au large, mais une énorme cellule orageuse se forme pendant que nous commençons à dîner, barrant tout l’horizon à l’ouest sur un large front. Julie met en fuite vers le sud-est, mais l’orage se rapproche inexorablement. Nous commençons à bien prendre la pluie, et la foudre s’abat à moins de 1500 mètres. Nouvelle fuite presque plein est, mais vers minuit, une deuxième formation orageuse apparait, et notre skipper abandonne l’idée de rester au large, et regagne le port de Carry à 4 heures de moteur de là.
El Presidente.
Mardi 09 septembre
Arrivés au port de Carry dans la nuit, à 4 heures du matin, nous reprenons la mer 3 heures plus tard, au lever du jour. Nous longeons la côte bleue vers l’ouest et traversons le golfe de Fos, accompagnés de quelques sternes, pendant que Julie-la-skippeuse récupère de sa nuit particulièrement courte.
A 10h39 précises , au large de Salins-de-Giraud, Julie-la-pas-skippeuse repère des « ploufs » (ou « splashs » en langage de cétologue…). Nous rejoignons ce groupe d’une trentaine de Stenella et l’accompagnons pendant une heure environ. Un groupe comprenant des individus vraiment très jeunes, aux côtés de leurs mères, qui nous offrent quelques sauts en guise de spectacle sur une mer calme et sous un beau soleil. La mer ici prend une coloration verte en raison de la proximité du delta du Rhône et les dauphins ne sont pas faciles à photographier, car la turbidité de l’eau nous empêche de les voir en transparence approcher de la surface. Certains viennent à l’étrave et les téléobjectifs sont parfois de trop : nous sommes trop près et je troque le 100-400 contre le 24-105mm.
Au final, nous devrions avoir quelques belles images pour illustrer ce journal de bord.
Dans l’heure qui suit nous apercevons un chalutier en pêche et décidons de nous en approcher. Il est loin et avance vite. Nous sommes près d’abandonner la « poursuite » quand j’aperçois des splashs au loin, dans le sillage du chalut. Nous continuons notre route un moment dans cette direction, incapables de déterminer avec certitude s’il s’agit de dauphins ou d’autre chose. Mais les sauts multiples semblent assez aléatoires, typiques de ceux qu’on observe dans une chasse de thons. Nous finissons d’ailleurs par les voir clairement dans les jumelles. Ce sont bien des thons qui nous emmenés loin dans l’est.
Nous faisons notre pause de midi au large, et un jeune flamant rose s’approche du bateau, semble hésiter à s’y poser, puis renonce et se pose finalement en pleine mer, à quelques dizaines de mètres de « Cap délices »(c’est le nom du bateau !). Il restera posé là durant tout le repas. Ce comportement inhabituel fait craindre à Frank que l’oiseau ne soit épuisé et incapable de reprendre son vol. Après une brève discussion nous pensons que nous devrions tenter de le récupérer pour le ramener à terre. Julie manœuvre en marche arrière et Frank se positionne pour l’attraper. L’oiseau s’envole… tant mieux, il n’était pas si mal en point que çà !
L’après-midi sera nettement plus calme avec encore quelques sauts de thons, puis plus grand-chose à se mettre sous la dent, hormis peut-être une douzaine de sternes caugek posées sur une balise au large de Fos. Nous regagnons notre point de départ à Carry, ou Hélène Labach nous rapporte la bannière « GECEM » que nous avions oublié d’emporter.
Cette nuit sera plus calme que la précédente, assurément…
Julien