Mission Grand dauphin Automne 2014 - Journal de bord 4
Journal de bord

Suite et fin des pérégrinations du GECEM à la recherche du grand dauphin au cours de la campagne Automne 2014 de GDEGeM.
Mercredi 29 octobre
La météo s’annonce très clémente pour toute la journée, nous partons donc du port de Carry-le-Rouet à 6h50 les yeux grands ouverts. Au programme de cette belle journée : prospection de la zone la plus à l’ouest : le golfe du Lion. Durant cette matinée nous avons le plaisir de rencontrer plusieurs grosses chasses de thons et l’espoir de croiser des dauphins. Après quelques heures de navigation sur une mer plus que calme, Maxime aperçoit des dos de dauphins au loin, qui sont près de deux chalutiers. Nous entamons donc notre approche avec beaucoup d’enthousiasme, et arrivons sur une groupe d’une trentaine de grands dauphins, dont au moins 7 jeunes, qui suivent deux chalutiers. Chacune à son poste : notre chef de mission, Julie J., et notre breton Gaêl s’emparent de leur plus beaux appareils afin d’entreprendre la photo-ID, Ariane comptent les dauphins, Maxime saisi les données, Julie B. observe la structure du groupe et prépare le matériel de biopsie et notre skippeuse manœuvre le voilier afin de photographier tous les individus. Plusieurs fois les animaux viennent nous voir à l’étrave et nous les entendons même siffler, Incroyable. Une fois la photo-ID terminée, Julie B. prend l’arbalète pour commencer une série de tirs, les deux premiers sont ratés, dû à un problème de flèches, et le troisième tir fut le bon. Une nouvelle biopsie s’ajoute donc aux autres échantillons. Puis d’autres tentatives d’approche et de biopsies continuent mais la tâche n’est faire une pause et de s’éloigner un peu du groupe. Puis après quelques essais sur une bouteille c’est Julie J. qui retente une approche et ceci avec succès puisque dès le premier tir un autre individu est biopsié. Ceci nous fait donc deux échantillons de plus.
Après donc plus de 2h30 d’observation nous reprenons notre route afin de rejoindre la zone de prospection que nous avions quittée pendant le temps passé avec les dauphins. Après l’effort nous profitons d’une pause déjeuner assez tardive tout en continuant la navigation.
Une belle journée d’observation s’achève rapidement avec la tombée de la nuit. Ce soir nous ne rentrons pas au port mais restons en pleine mer avec des conditions météo favorables.
Julie B.
Jeudi 30 octobre
La journée commence tôt, très tôt car c’est la tournée des quarts de deux heures qui s’opère tout au long de la nuit sur une mer tantôt calme tantôt légèrement formée. Les binômes se font et se défont au rythme des heures qui s’égrainent.
Le jour pointe enfin sur nos visages marqués par le manque de sommeil mais souriants d’avoir passé cette nuit au large.
Après les quarts de nuit, ce sont les quarts diurnes de prospection qui se succèdent vainement sous un soleil radieux. Nous entamons notre journée par une route vers l’est à 20 miles au large de Fos-sur-Mer. Malheureusement Eole en a décidé autrement et c’est à la voile que nous stoppons notre effort de recherche en milieu de matinée sur une mer moutonnée. On en profite pour improviser une petite séance pédagogique très formatrice sur le lof et l’abattage par notre skippeur bretonne.
Déjeuner réparateur pendant qu’Eole se fait plus timide. La traque peut recommencer toute la fin d’après-midi en direction de Port Frioul où nous avons décidé de passer la nuit. Mis à part le cadavre flottant d’une pauvre tortue caouanne et un pare-battage égaré, notre journée s’achèvera sur une belle bredouille cétologique.
Reste demain pour terminer en beauté cette très enrichissante mission. A nous les rorquals, stenella et autres globicéphales… C’est permis de rêver…
Ps : Les thons boudent définitivement notre unique leurre qui se languit pendant de longues heures à l’arrière de notre bateau
Gaël G.
Vendredi 31 octobre
La mer est plate comme un miroir. Elle le restera jusqu’au coucher du soleil.
Nous partons du Frioul comme chaque matin avec les premières lueurs du jour. Le point d’arrivée du soir étant relativement proche (Cassis), nous partons en direction du sud-ouest pour entamer un zig vers le large. La matinée passe calmement et s’achève sur l’observation d’une importante chasse de thons. Ce sont les splashs d’écume s’étendant sur 180° ainsi que les nombreux goélands présents sur la zone qui nous attirent l’œil. Nous arrivons à nous en approcher sans que les poissons ne paraissent se soucier de notre présence. Cela ne dure pas mais nous avons quand même le temps d’observer leurs proies frétiller à la surface de l’eau, tentant d’échapper à leur sort.
A l’heure du déjeuner, c’est une excellente quiche à la feta accompagnée de tomates/mozza qui nous rassasient et nous requinquent pour débuter l’après-midi. Une rapide baignade en ce dernier jour d’octobre et nous voilà repartis. Moins de vingt minutes plus tard Gaël lance une première alerte: 2 ailerons de requin pointent hors de l’eau. La rencontre est furtive. Juste le temps de quelques clichés et l’animal disparaît. L’identification s’annonce délicate mais les photos pourront certainement nous aiguiller. Une demi-heure plus tard c’est au tour des Stenella de faire leur entrée, détectés une nouvelle fois par Gaël. Environ 25 individus. Le groupe est peu démonstratif mais près de 10 individus viennent parfois à l’étrave ensemble. Nous profitons de leur calme pour immerger l’hydrophone à l’arrière du bateau, moteur éteint. Quelques sifflements se font entendre. C’est dans la boîte ! Ces enregistrements permettront de distinguer le grand dauphin du dauphin bleu et blanc sur les bandes sons enregistrées par l’hydrophone installé à Port-Cros depuis quelques mois dans le cadre du projet GDEGeM. Nous restons avec le groupe quelque temps et nous remettons en route. Juste le temps d’1/4 de tour autour du mât qu’une troisième alerte est lancée ! De nouveau des Stenella, une quinzaine. C’est un saut qui a attiré l’œil d’Ariane. Ceux-là sont plus joueurs et nous offrent quelques jolies pirouettes dans la lumière déclinante de cette fin de journée.
Après toutes ces rencontres, difficile de penser qu’il nous en attend encore ! Pourtant un minuscule roitelet huppé, à bout de force ou simplement très curieux, vient se poser dans le filet de filière du bateau et pousse même l’approche jusqu’à venir inspecter les cheveux de Gaël. Enfin, quoi de mieux qu’une tortue caouanne venue se reposer en surface pour clôturer cette riche et magnifique journée ? Peut-être une jolie femelle crabe ou un petit crustacé, le pouce-pied, retrouvés dans des déchets flottants en surface et leur procurant un abri et/ou un habitat de fortune…
Julie J.