Mission Grand dauphin Automne 2014 - Journal de bord 1
Journal de bord

Dans la cadre de la campagne d'automne 2014 du projet GDEGeM, le GECEM a largué les amarres du 20 au 31 octobre afin de photo-identifier et biopsier les groupes de grands dauphins rencontrés entre la Camargue et la frontière italienne.
Lundi 20 octobre
Départ de Port-Miou ce matin à 7h30, aux premières lueurs de l’aube. Les prévisions météo de la journée sont bonnes mais une tempête est annoncée à partir de mardi depuis le golfe du lion jusqu’au golfe de St Tropez. Nous n’avons donc pas vraiment le choix quant à l’itinéraire à suivre et décidons de partir vers l’est. Nous savons qu’il nous est possible d’atteindre St tropez dans la soirée, probablement après la tombée de la nuit. Ceci bien sûr si aucun groupe de cétacés ne se présente. Dans le cas contraire, nous savons qu’il faut compter une heure au moins par groupe, et il faudra alors changer nos plans.
Nous sortons de la calanque et longeons donc les abruptes falaises soubeyranes et les amas de poudingue du bec de l’Aigle qui marquent les abords de la baie de la Ciotat. Le ciel est grisâtre mais ne menace pas. Il empêche simplement le soleil de percer. En revanche la mer est calme, plate, et les conditions d’observation sont excellentes.
Nous coupons au plus court, pas de zig-zag aujourd’hui, mais seulement des lignes droites joignant les différents caps que nous frôlons.
Nous faisons peu d’observations, pas de cétacés mais pas non plus de thons, de poissons lunes, à peine quelques puffins, une buse variable et quelques pigeons ramiers en migration, deux fous de Bassan, une méduse œuf-au-plat, deux chauve-souris aussi qui passent au-dessus du bateau à l’approche du cap Sicié.
A midi nous mangeons en vitesse tout en poursuivant notre route. Nous ne nous arrêtons pas et pénétrons dans la rade d’Hyères en laissant Porquerolles au sud.
En début d’après midi nous décidons de tester les arbalètes en tirant sur une bouteille en plastique. Quelques essais avec la première, puis Marie essaye la seconde, plus puissante, plus adaptée à des tirs plus lointains. Après un premier essai concluant, un deuxième tir s’avère plus problématique : la flèche s’envole en tournoyant sans aucune puissance, brisée en deux, et la corde semble endommagée. L’autre arbalète semblant fonctionner correctement nous reprenons notre route pour ne pas perdre de temps et tentons de réparer celle qui a flanché. Nous trouvons une corde de rechange et bataillons un moment pour la mettre en place. Il faut la tester et Marie s’apprête à faire un essai mais la flèche ne tient pas en place. Un autre élément semble endommagé. Nous tentons de le réparer mais nous apercevons qu’une deuxième flèche semble défaillante. Bref : mauvaise journée pour les arbalétriers…
Il faut avancer de toutes manières, donc nous ne nous arrêtons plus. Aucune observation notable jusqu’à la tombée de la nuit ou nous stoppons notre effort d’observation, la baie de St tropez en vue.
Il fait nuit lorsque nous arrivons au mouillage et cherchons à la lueur de nos frontales une bouée pour nous amarrer. Ceci fait, la longue journée de navigation se termine. Nous n’avons pas fait d’observation notable, nous avons eu des « pannes d’arbalète », mais nous sommes relativement en sécurité, à l’est de la zone de tempête prévue. Nous ne resterons donc pas bloqués pour les jours à venir et dès demain nous devrions rejoindre Menton pour revenir mercredi soir à St raphaël ou nous devrions pouvoir réaliser le changement d’équipage initialement prévu à Marseille…
La météo nécessite parfois des adaptations d’itinéraire…
Julien
Mardi 21 octobre
Nous quittons la baie de Saint Tropez au lever du jour. Il y a plus de vent qu’hier mais nous pouvons quand même observer. Les nombreux moutons et le vent qui forcit nous obligent cependant à vite arrêter d’observer. C’est donc parti pour une session de voile orchestrée par Julie. Julien à la barre, nous partons brusquement au lof (il nie..). La cafetière se renverse dans le carré et l’écoute du foc (ou phoque ?) se brise. Décidemment, après l’arbalète, on continue dans la « loose » d’hier ! Il est donc temps de sortir les gilets de sauvetage car Julien insiste pour rester à la barre (plus sérieusement le vent forcit encore un peu). Les gilets oranges (très confortables… mais uniquement pour faire la sieste) nous vont à merveille (photos à l’appui !). Le vent tombe, nous reprenons l’observation avant de nous arrêter à Cannes. « Cap Délices » dénote au milieu des yachts. Julie part acheter un transformateur pour brancher la glacière, mais c’est raté, le shiplander est déjà fermé. Les conditions sont idéales mais rien à l’horizon, nous poursuivons notre route jusqu’au port d’Antibes. Rebelote, Julie et Mélissa partent à shiplander. Après un petit cours d’électricité, elles apprennent que nous n’avons finalement pas besoin de transformateur. La glacière branchée sans son transformateur, nous nous remettons en observation. Malgré une mer d’huile, nous ne voyons rien, même pas un poisson lune. Les oiseaux sont aussi très peu nombreux. Mélissa repère des tortues, qui s’avèrent finalement être des troncs d’arbre. En fin de journée, nous croisons un groupe d’une centaine d’oiseaux en chasse, avec en majorité des goélands, une trentaine de puffins yelkouans et quelques puffins cendrés. Sophie et Julien prennent quelques photos. Les dauphins ne sont malheureusement pas au rendez-vous. Nous continuons jusqu’au port de Menton, et gros dilemme pour ce soir: l’incontournable tartiflette ou la très bonne pizzeria sur le port ? Nous optons pour la pizzeria (très bon choix !).
Marie
Mercredi 22 octobre
C’est sous un ciel nuageux que nous nous réveillons. Un petit vent frai de Nord-Est nous surprend. Ce n’est pas ce qu’avaient prévu les bulletins météo de la veille. Malgré la houle qui nous arrive de l’ouest, les conditions demeurent assez satisfaisantes pour l’observation. Nous quittons le port tandis qu’un rayon de soleil éclaire le pittoresque village de Menton. Cap à l’ouest. Nous longeons une dernière fois les côtes des Alpes maritimes, la principauté et son rocher, et bientôt se détache le village perché d’Eze. Les observateurs continuent de scruter les vagues tandis que le voile nuageux disparaît, mais aucune nageoire, aucun aileron, aucun souffle n’est contacté. Seuls les Puffins yelkouans filent le long des vagues. Quelques passereaux, probablement découragés par le vent, rebroussent chemin et tentent de regagner la côte. Tous n’y parviendront pas comme celui-ci, harcelé par un groupe de Goélands auquel il servira de repas. Nous finissons par rejoindre la baie des Anges, comme souvent abritée du vent. Ici les conditions s’améliorent mais nous ne détectons toujours aucun cétacé. Arrivés aux îles de Lérins, nous faisons notre pause méridienne. Au menu, tarte de poireaux au miel suite à une séance formation cuisine assurée par Julie. Le vent est à présent tombé, et la mer est calme. Quelques thons sautent au loin attirant les laridés. Nous profitons de la chaleur pour prendre un bain. L’eau est à 20°C, le soleil au beau fixe et les conditions idéales. Nous avons raison de profiter car c’est un temps tout autre qui nous attend après le cap Dramont. Le vent se renforce, la mer se forme, et pourtant nous devons le passer pour déposer Marie et récupérer Matthieu au port de Saint-Raphaël. Préparatifs du bateau, chaussures et vestes enfilées, gilets de sauvetage à portée de main et nous voilà, filant au près sous un vent atteignant au maximum 35 nœuds. Julie, telle un chef d’orchestre, ordonne à chacun ses tâches exécutées avec plus ou moins de sûreté. Les puffins, quant à eux, profitent de l’occasion pour se livrer à un véritable bal, jouant avec les vagues et le vent. Premier virage de bord chaotique, le temps que chacun s’habitue à la manœuvre. Après avoir essuyé de nombreux paquets d’eau, viré de bords plusieurs fois, nous arrivons au port, le visage blanchi par les embruns. Marie quitte le navire et est remplacée par Matthieu. Après les douches et un petit apéro bien mérité, nous nous attablons autour d’une tartiflette préparée par Julien.
Sophie