Mission Grand Dauphin automne 2013 - Journal de bord 4
21/10/2013
Journal de bord

Deuxième semaine de la mission GDEGeM automne 2013
14 Octobre 2013
Départ sous la grisaille en direction de la zone Provence Est. La pluie et le vent sont annoncés mais la troupe reste motivée, des étoiles plein les yeux après la magique rencontre de la veille. Dans la baie de Cavalaire la mer est relativement calme mais la couverture nuageuse intense rend la lumière sombre : les observations sont difficiles. A l’approche du Cap Lardier, la mer s’agite et les déferlantes s’intensifient ; le vent d’Est est plus fort que prévu. Magaly stoppe l’effort d’observation et prend la difficile décision d’annuler la journée en mer : les conditions ne permettront pas de bonnes observations. Nous faisons donc demi-tour vers le port de Cavalaire et entamons un agréable retour à la voile, escortés par de nombreux puffins yelkouan et quelques puffins cendrés. Un saut est aperçut au loin et redonne espoir à tous. Nico affale les voiles et nous approchons de la zone, mais aucun animal ne réapparait… dauphin, thon ou espadon, on ne saura jamais de quoi il s’agissait.
Nous arrivons au port de Cavalaire en milieu de matinée pour une journée de repos à terre. Les centaines de photos de la veille sont déchargées et triées, le journal de bord est mis à jour et tout le monde vaque à ses occupations : sieste, visite de Cavalaire hors saison, traitement des données…
La journée se termine par un bon repas à base de poulet satay et d’ananas et tout le monde va se coucher, prêt à ouvrir grand les yeux le lendemain.
Ariane
15 octobre 2013
Aaaaaah ça y est, les yeux sont grand ouverts et nous prenons la mer au lever du jour (ou assimilé puisque les nuages sont de la partie). La mer est calme, la visibilité est bonne et aujourd’hui pas question de faire demi-tour. Le vent est tombé et la température nous permet enfin de tomber le Damart ; c’est la fête, youpi.
Chacun à son poste, nous observons l’onde grisonnante à blanchissante quand Magaly s’écrie « ah, ça sent le dauphin ! ». Incrédule, je la regarde et constate qu’elle ne plaisante pas.
- Et c’est quoi une odeur de dauphin ?
- Un peu comme un genre de poisskaï…
Dont acte. Si son odorat est fiable, nos amis à ailerons ne doivent pas être loin. Bingo ! Stan les aperçoit en avant du bateau et nous faisons route dans leur direction. C’est un petit groupe et ils semblent de grande taille. Chouette, des grands dauphins !
Branle-bas de combat, tout le monde à son poste : Ariane à la tablette, Stan à l’observation, Magaly et moi-même aux appareils photo et Nico à la barre. Quatre ou peut-être cinq individus, dont 2 petits, s’offrent à nos téléobjectifs, mais le soleil voilé diffuse une lumière blanchâtre qui rend la surface de l’eau brillante, et les animaux sortent dans l’axe du soleil.
- Tu « surex’ » à combien toi ?
- + 3 !
- Ça va
Ah oui quand même…
Les bougres ne restent en surface qu’une petite minute avant de plonger généralement 3 à 4 minutes et de resurgir loin du bateau. Le temps d’approcher, ils replongent et nous avons à peine le temps de réaliser une poignée d’images de loin à contre-jour : ce n’est pas gagné… Le petit manège se reproduit pendant environ 1h et jamais les dauphins ne se laisseront approcher, ni ne viendront d’eux-mêmes dans notre direction. Heureusement le groupe est petit et une fois ou deux nous arrivons près d’eux à temps pour réussir quelques photos d’identification. Magaly les reconnait : ces individus ont déjà été observés au cours des missions de printemps et été 2013 !
Qu’ils soient indifférents et continuent leur activité sans se soucier de nous ou que nous les ennuyons, la réponse n’est pas claire mais dans le doute, Magaly annonce finalement la fin de la séance d’observation et nous reprenons notre route en direction de Saint-Tropez.
A midi, nous jetons l’ancre devant la maison de Brigitte Bardot dans l’espoir qu’elle aperçoive nos belles banderoles GECEM et soit intéressée…mais elle ne se montrera pas malgré nos efforts à tous et notamment un splendide karaoké de Magaly et Julien sur l’ensemble de son répertoire… !
Après un repas encore une fois très frugal, nous prenons la direction de la baie d’Agay en longeant la côte. Au cours de l’après-midi la pluie pointe le (petit) bout de son nez, et nous voilà contraints d’écouter en boucle la B.O. du Grand-Bleu (oui ça fait un peu cliché le Grand Bleu sur le bateau du GECEM mais bon…) pour nous remonter le moral. J’essuie une petite larme au passage où Enzo a voulu plonger trop profond…
Il est 18h30 lorsque nous jetons l’ancre à l’abri dans la baie en question car cette nuit un gros coup de Mistral est prévu. Il est un peu tôt pour l’apéro mais on s’en accommode !
A demain, si vous le voulez bien. Chalut !
Julien
16 octobre 2013
Nuit au mouillage, bien planqués à l’écoute des risées et bercés par le bateau gitant sous les fortes rafales. La baie d’Agay nous a offert le bon refuge dans ces conditions peu sereines.
Appareillage tardif, dès que la mer cessa d’être blanche, un peu avant 10 heures, pour une navigation très côtière. Sous le soleil et un vent bien plus clément que cette nuit, nous avançons vers l’Est. Les yeux rivés sur la mer, nous enchainons les quarts d’observation, en vain.
Pause déjeuner entre les îles de Lérins, la pioche par cinq mètres de fond dans l’eau turquoise. Le cadre exceptionnel ne détourne pas nos regards de la dernière larme d’huile Corse sur la salade tomate-mozza ; le silence est de mise et nos visages en berne !
Très vite, nous nous remettons en observation avec l’espoir de rencontrer un groupe. Nous passerons le cap d’Antibes vers 16h00, au loin quelques sommets des Alpes du Sud sont encore enneigés. Les avions atterrissent et décollent à l’aéroport de Nice, incessamment.
Encore une journée à user la mer des yeux. Mais comme on dit à bord: on a rien vu, rien entendu. Rien. Et ce jusqu’aux dernières lueurs du jour… A peine quelques puffins, mouettes rieuses et autres sternes caugek.
Nous arrivons à Villefranche sur mer au crépuscule. Le port est bondé, nous nous redirigeons alors vers la rade où nous trouvons un coffre aux pieds des fortifications, sous la lune bientôt pleine. Nous nous régalons du diner, de rires et de soupe de tiramisu élaborée le matin !
Aujourd’hui rien et demain, on verra… mais nous espérons tous un peu plus de chance.
A demain donc,
Stan